mardi 26 mars 2013

Itinéraire d'une famille gazée !

Témoignage d'une famille parmi tant d'autres, venue manifester ce dimanche 24 mars avenue de La Grande Armée à Paris, pour la liberté d'expression et contre la Loi Taubira et tout ce qu'elle induit pour l'enfant...

Une manifestation... à tout casser !

Nous étions partis de la gare de Méré (78) avec la panoplie du "parfait casseur" : sac à dos rempli de pompotes et de chocos, gourde d'eau...
Nous avons commencé à constituer un groupe factieux en rencontrant des amis à la gare. Constitution du dangereux commando : 2 grand pères, une grand mère, 2 papas, 2 mamans, 8 enfants. Cible du commando : le Macdo des Champs-Elysées à Paris.
Sorties de métros donnant accès aux Champs toutes bouclées. Retour et sortie à Concorde. Sur les Champs, des passants montent et descendent, paisiblement.

Première surprise : Ceux qui ont un drapeau "La Manif Pour Tous" se les font confisquer par la police !
Un jeune nous dépasse, seul, avec un drapeau française à la main : direction... le car de police !
Nous atteignons le Macdo sans encombre. Beaucoup de jeunes, de familles et clientèle habituelle.
Dans la queue des toilettes, lieu hautement stratégique, je rencontre une bordelaise qui a caché son drapeau rose dans son parapluie car elle s'en était fait confisquer un à Bordeaux où la police fouillait... même les sacs ! Serait-ce donc une habitude ?
Notre dangereux groupuscule, réprimant avec une maîtrise remarquable son désir d'en découdre avec les forces de l'ordre s'attarde un peu et sort enfin, vers 14h30.

Le cordon de sécurité qui entoure la Place de l'Etoile est extrêmement impressionnant !
Pour 100.000 manifestants annoncées par la Préfecture on voit grand, très très grand !
Nous interrogeons deux policiers débonnaires qui nous indiquent qu'il suffit de contourner la place pour rejoindre l'avenue de la Grande Armée. Nous trouverons sans difficultés des rues adjacentes ouvertes.
Nous suivons les consignes.

Surprise, le service de sécurité de "La Manif Pour Tous"  barre l'entrée des rues. Il y a beaucoup de policiers en arrière plan ! De rue en rue, la consigne s'affine : il faut aller à la Porte Maillot !

Des consignes "venues d'en haut" pour une "France d'en bas !"

Il y a beaucoup de monde qui arrive de partout. Les gens s'impatientent et prennent le parti de descendre vers l'avenue Foch.
Nous ne débouchons pas très loin du cordon de sécurité. L'avenue se remplit très rapidement et ça commence à pousser car les rues permettant de rejoindre l'avenue de la Grande Armée sont bloquées.
Sur la vidéo (voir ci-dessous) nous sommes près du mur, en retrait et nous venons d'apprendre que deux rues plus bas on pourrait passer.

Ceux qui sont devant scandent "les gendarmes avec nous" ; une marseillaise est entonnée et brusquement, nous voyons des gens qui reculent. Il y a des cris, ça pique les yeux, la gorge, des petits enfants pleurent, ils ont les yeux qui piquent !
Nous sommes stupéfiés, affolés, incrédules, sidérés et prenons une rue adjacente. Nous interpellons des CRS : "vous avez vu ce qu'ont fait vos collègues"... "vous devenez fous ?"
Ils semblent eux mêmes sidérés et nous demandent si ce sont des gendarmes qui ont fait ça. Ils sortent gentiment des "bombes" pour soigner les yeux des enfants, les rassurent car les petits demandent si c'est dangereux pour la santé. Ils rassurent encore, ça va passer. Pour finir, ils nous souhaitent bon courage !

Des médias "aux ordres" ?

Un caméraman passe, harnaché de matériel et nous lui demandons s'il n'est pas intéressant de filmer des policiers soignant des enfants. Il nous regarde avec un mélange de mépris et de haine... ce genre de victimes... non merci !

J'appelle la présidence, à l'Elysée... "ils sont fous, ils gazent la foule, il y a des familles avec des petits."
On me raccroche au nez !

Après avoir repris notre calme, expliqué que les policiers ont des ordres et ne sont pas tous méchants, la preuve, certains nous ont soignés... nous arrivons avenue de la Grande Armée. Il y a un monde fou, une atmosphère bon enfant, festive, transgénérationnelle, transconfessionnelle, transcatégorielle... un bout de France qui défend les droits de l'enfant.
Deux témoignages nous touchent, celui d'une jeune Éthiopienne et celui d'une coréenne abandonnée à l'âge de six ans et qui décrit la souffrance de l'enfant abandonné, l'enfant qui se voit différent dans le regard des autres et qui s'est construit grâce à ce que lui ont apporté son papa ET sa maman.
Nous entendons des juristes, des cathos, des protestants, des musulmans, des élus et même de gauche !

Malgré tout, notre place est bien là,

dans ce pays où on nous rebat les oreilles avec de jolis mots : "démocratie", "liberté d'expression", "droit à la différence" (peut être pas pour nous...). Ces valeurs là, il est de notre devoir de les faire co-exister.

Notre dangereux groupuscule quitte "La Manif" avant  la fin car il faut bien songer à rentrer.
Le métro est bondé de gens venus de partout, bien décidés à revenir s'il le faut, stupéfiés et exaspérés quand ils appellent ceux qui sont restés à la maison et apprennent la manière dont les médias ont commenté ce qu'ils ont vécu, la manière dont ils continuent à être dédaignés.
De retour à la maison, nous regardons avec incrédulité les images qui ont été "triées" et qui passent en boucle notamment sur i.télé.

REGARDEZ LA VIDÉO,
c'est là où nous étions. Observez...

Non Monsieur Valls, vous aviez d'autres choix, vous avez tendu des pièges, organisé des nasses, exaspéré et désespéré... C'est un jeu dangereux !

Perrine

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