Je voudrai profiter des remarques de notre ami Jean-François Blais dans son "épisode 54" de "Bordel de Mer" sur ce qu'est pour lui (et pour moi aussi) la tradition des chants de marins et y ajouter mes propres réflexions...
Transmission orale, transmission écrite ?
Soyons réalistes, jusqu'aux années 1900-1920, le chant de marin se transmettait avant tout par la voie orale.
Les marins eux-mêmes, chanteurs ou musiciens l'étaient devenus par la pratique des instruments : accordéon, harmonica, flute, violon..., voire guitare aussi bien que plus encombrante, dont ils pouvaient disposer à bord.
C'est ainsi qu'ils découvraient et se transmettaient de bord en bord et surtout d'escales en escales, les chants des répertoires de leurs pays respectifs et venaient parfois à les adapter ou à les traduire dans leurs langues.
Ainsi qu'ils enrichissaient aussi "LE" répertoire des chants de marins par des versions aux paroles ou aux mélodies souvent très diverses et que nous (re)découvrons aujourd'hui, notamment dans la tradition québecoise !
Il faudra attendre l'entre-deux guerres pour que quelques marins (A Hayet...) passionnés commencent à collecter le répertoire des chants de marins et à en écrire la musique.
Cette musique dont il ne nous faut surtout pas nous constituer prisonniers à présent (ah, le dictat des partitions !) hélas au détriment trop souvent, de l'interprétation et de la créativité...
Pas de querelles entre les modernes et les anciens !
On entend parfois quelques 'puristes' décréter que "le chant de marin serait la transmission en musique de la vie maritime d'autrefois" !
Mais où alors devrait s'arrêter "l'autrefois" ?
Et pourquoi devrait-on décréter que la création de chants de marins s'est arrêtée ?
Je reste convaincu, pour ma part, que cette tradition est plus que vivante actuellement, qu'elle est peut-être même plus créative encore qu'elle le fut autrefois et qu'elle s'inscrit toujours dans le sillage de ceux, marins, plaisanciers, ou simplement amoureux de la mer, qui naviguent dans leur tête, sur terre comme sur mer, et aiment parler de leur passion !
Des histoires de mer, il y en aura toujours
Malheureuses comme des naufrages, heureuses comme des sauvetages..., les sources de nos chants de marins ne se tariront jamais, tant qu'il y aura la mer et que des hommes iront la prendre... à moins que ce ne soit le contraire !
C'est ce que j'ai découvert voici quelques années en commençant à étudier le répertoire et à écrire, très modestement, quelques chants de marins.
Quel plaisir de découvrir une belle histoire !
Quel bonheur de la conter aussi, en jouant sur la musique des mots d'abord et puis en accordant aux vers (et aux verres...) la musique qui viendra les enivrer...
Quelle joie enfin d'entendre l'interprétation d'un chant que l'on a écrit et que d'autres se sont appropriés !
Le faisant entrer ainsi dans le "répertoire des chants de marins", ils vous contraignent aussi à l'y abandonner et à le confier aux aléas de sa propre navigation. Soudain, musiques et paroles que vous aviez parfois accouchées dans la difficulté ne vous appartiennent plus mais s'appartiennent, elles vous ont échappées pour prendre leur envol, comme un enfant devenu adulte et, sereinement, vous vous tournez alors vers une nouvelle histoire...
MM
dimanche 14 février 2010
Le chant de marin : tradition, continuité...
Publié par M2L à 06:58
Libellés : Chants de marins , Culture , Mer , Musique
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