vendredi 21 octobre 2016

Adieu Hervé !

L'archevêque et les prêtres du diocèse d'Avignon font part du retour à Dieu du Père Hervé d'Anselme à l'âge de 56 ans. Ses obsèques seront célébrées vendredi 21 octobre 2016, à 10h dans l'église de Sorgues. Prions pour lui.

A Dieu, Hervé, comme tu l'as toujours voulu...

Hervé mon cousin avait décidé de consacrer sa vie à Dieu. Ordonné prêtre le 10 juin 1990, je me souviens très bien de sa première messe, dès le lendemain dans la joie, chez notre grand-mère commune, en famille dans les chais du Plessis-Brézot, l'autel dressé sur deux barriques du muscadet produit par notre Grand-Mère !

Je ne l'ai pas très bien connu, Hervé. Nous n'avions pas le même âge et de plus, après son ordination il avait décidé d'exercer son ministère dans le diocèse d'Avignon. C'est là qu'il vécut aussi sa maladie qui le rattrapa rapidement, cette maudite sclérose en plaques qui avait déjà emportée tant de membres de sa famille très proche.
Mais c'est là aussi qu'il fut heureux, au milieu de ses frères prêtres qui l'auront soutenu jusqu'au bout et à qui il n'a certainement pas toujours rendu la vie facile ! Car, outre son handicap qui ne cessa de s'aggraver, Hervé avait des idées bien arrêtées, tant sur la vie que sur la foi et surtout sur son engagement au service de Dieu.
Ceux qui l'ont si bien entourés, y compris sa mère avec qui il dialoguait beaucoup, le connaissaient bien. Et c'est tout naturellement à eux que je voudrais laisser la parole en reproduisant ici l'homélie tellement touchante de ses obsèques aux quelles, hélas, je n'ai pu assister.

Salut l’artiste !
Je suis content pour toi.
Avec ta pipe,
Ton verre de whisky,
Ces derniers temps ton verre de rosé
Et ta croix ! La croix de la fraternité Charles de Foucauld,
Tu es resté sur scène. Jusqu’au bout.

Salut Bénédicte !
Tu es partie la première.
Tu as connu la colère, la révolte et… la paix. Une grande paix.
Hervé m’a dit souvent : "Bénédicte m’a appris comment il faut mourir."

Salut Vianney !
Tu es parti très jeune. Trop jeune. Un grand. Mais encore un enfant.

Salut Marie Mathilde !
Tu n’avais pas encore vingt ans et je sais que tu étais rayonnante de vie, de sourire, d’amour et d’abandon à la bonté de Dieu.

Salut Vincent !
Tu es le père de Vianney et de Marie Mathilde. Dans la fratrie, tu es le plus jeune. Tu arrives juste après Hervé. La maladie est venue s’installer chez toi à peu près à la même époque que chez Hervé. Mais, actuellement encore, elle n’a jamais pu t’arracher un seul mot de révolte. Tu es donné. Tu restes dans la louange et l’action de grâce. Aujourd’hui, jour d’Adieu à Hervé, je suis sûr que ta prière se repose toujours sur la tendresse et la grandeur de Dieu.

Je vous salue Marinette. Madame d’Anselme. Madame mère.

Salut ! Alain et toute la famille. Parents et alliés. Salut à tous et à chacun.

Salut Cécile !
Ta rencontre avec Hervé, aux Saintes Maries de la Mer, pendant le pèlerinage des gitans, a été une rencontre très forte. Elle a changé ta vie. Elle a changé la vie d’Hervé. Je ne sais comment tu parles à Dieu aujourd’hui. Je ne sais si tu lui parles avec colère. Je ne sais si tu lui parles avec reconnaissance. Ce que je sais c’est que votre rencontre a été une chance pour Hervé et pour toi.

Salut Frédéric !
Salut Christian !
Salut Françoise !
Vous avez été pour Hervé comme Hour et Aaron pour Moïse. Grâce à vous Hervé, malgré son épuisement, n’a pas baissé les bras. Et vous avez entendu des mots que vous n’oublierez jamais : "J’aime la vie mais ma vie, je ne la supporte plus". Et dimanche soir : "Dieu est bonheur".

Les textes de cette célébration sont les textes de la liturgie du jour. Les textes d’aujourd’hui. Hervé l’a décidé ainsi.
Dans l’évangile que nous venons d’écouter, un mot éclate comme un coup de tonnerre en plein milieu de l’orage. C’est le mot "hypocrites". Une note de la TOB explique que ce mot a un sens plus large dans la Bible que dans notre vocabulaire courant. Il marque vraiment "le désaccord entre la conduite extérieure et la pensée profonde". Ici, Jésus met en garde contre un système religieux qui ne comprendra rien aux signes du "temps de Jésus" parce que son fonctionnement montre qu’il ne s’intéresse qu’au jeu de ce monde.
En fait nous sommes nombreux, ici, ce matin, à savoir qu’Hervé avait cet art de déranger profondément de l’intérieur. Il nous séduisait par sa liberté. Il étonnait par ses paroles de feu. Ses paroles radicales. Il était parfois – souvent – gênant sur la forme. Jamais sur le fond. Je me souviens de ses 40 ans. Il me racontait que son père qui connaissait son amour pour le grand vent et la tempête, lui avait dit, en bon militaire : "Si tu t’engages, il faudra être fidèle". J’avais dit à l’homélie de la messe de ses 40 ans présidée par Mgr Bouchex : "Si, pour un prêtre, être fidèle, c’est dire et vivre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ; si, pour un prêtre, être fidèle c’est se nourrir de la Parole de Dieu et la partager ; si, pour un prêtre, être fidèle, c’est accueillir et se donner totalement ; si, pour un prêtre, être fidèle c’est vivre passionnément le monde d’aujourd’hui, dans sa modernité, être homme au milieu des hommes, témoin de la tendresse de Dieu, célébrer les sacrements, présider l’eucharistie, vivre la communion de l’Eglise dans la paroisse où l’envoie son évêque et rayonner de joie, d’espérance et de foi alors nous savons tous qu’Hervé,  nous offre un beau visage du prêtre."
Je suis heureux de le redire aujourd’hui avec force. Parce que je sais qu’Hervé est resté profondément prêtre jusqu’au bout. Je sais par Frédéric qu’à Taizé où il est allé dernièrement contre toute prudence, il a été profondément heureux de pouvoir y vivre encore son sacerdoce et d’avoir confessé. Il a dit à Frédéric : "Pour moi, confesser, c’était permettre à Dieu d’accomplir son désir et sa volonté de faire miséricorde". Je sais, toujours par Frédéric, que vendredi dernier – il y a juste 8 jours – Frédéric et Christian ont dit la messe avec lui dans sa chambre des soins palliatifs. Et Christian qui présidait lui a remis entre les mains le pain et le vin, la patène et le calice, pendant la consécration. Ils se sont dit "nous recommencerons vendredi prochain".

Nous sommes dans st Paul, la lettre aux Ephésiens, notre 1ère lecture : "Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous."
Voilà l’Eglise ! Notre Eglise diocésaine.
Madame d’Anselme, la maman d’Hervé, aime dire : "Pour Hervé, l’Eglise, c’est sa seconde famille."
Hervé ! c’est toute la famille qui te dit "Au Revoir". "A Dieu, Hervé". 

Et comme tu le disais dimanche : "Dieu est bonheur".
Père Lucien Aurard 

M2M



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